Reprise de la montagne avec les copains après ma première saison de guide! Ça fait du bien. Au début nous partions pour faire la traversée Rochefort-Jorasses mais la météo du premier jour nous a poussés à opter pour un plan B (qui est aussi un plan A vu la beauté et l'ampleur de l'itinéraire! ;-) ).
Petites Jorasses - Anouk - ED- - 750m - 6b+
Départ du Montenvers en fin de matinée puis nous descendons les longues échelles pour rejoindre ce qu'il reste de la Mer de Glace. La météo n'est pas sensationnelle, ce qui nous conforte dans notre décision quand au choix de la course. Sur le glacier de Leschaux nous croisons une cordée de Japonais qui revient de la Walker aux Grandes Jorasses, l'un d'entre eux a l'épaule en écharpe. Ils nous expliquent qu'ils ont pris une chute de pierres dans la première partie de l'ascension et que cela leur a également coupé la corde, ambiance... Après une petite pluie nous arrivons au pied des nouvelles échelles permettant de rejoindre le refuge, dur dur de ne pas perdre mon petit Jimmy dans les nombreux fours à cristaux!!
Enfin nous y voilà. Nous passons la fin de la journée à bronzer au soleil, prendre l'apéro et préparer notre sac. Repas 5 étoiles sur la terrasse avec le coucher de soleil sur les Jorasses, le top!
Pour le lendemain nous sommes 3 cordées pour les Petites Jorasses et 4 autres pour l'éperon Walker aux Grandes Jorasses (un beau morceau qui me fais rêver...).
Après une courte nuit nous nous réveillons à 3h30 (eh oui, l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt qu'il paraît... Je ne sais pas qui a inventé ce proverbe bidon mais il n'a pas dû l'expérimenter souvent!).
Bref, réveil difficile soyons honnêtes, le petit déj' est avalé rapidement et à 4h nous sommes partis (heureusement nous avons repéré un bout du cheminement la veille ce qui nous permet de ne pas perdre de temps bêtement de nuit). La progression est assez efficace jusqu'au glacier de Leschaux où nous mettons les crampons. La suite est chaotique et les crevasses pour rejoindre l'attaque sont énormes, le cheminement devient complexe de nuit à la frontale. Ambiance sur les ponts de neige!
Les pentes de glace au-dessus lâchent régulièrement de gros blocs qui descendent très bas, idem pour le sérac en rive droite de la branche du glacier menant à l'attaque de la voie. Une chute a eu lieu durant la journée, coupant la trace de montée juste au-dessus de grosses crevasses...
Vers 6h30 nous voici au pied de la face, nous sommes tout petits ici... Au-dessus de nous s'élèvent les 750m de paroi menant au sommet des Petites Jorasses. Pour le moment nous sommes seuls, les 2 autres cordées sont assez loin derrière, ma plus grande crainte étant les chutes de pierres, d'autant plus qu'une grosse écaille est tombée l'an passée, aplatissant quelques spits au passage... L'attaque est assez facilement repérable, nous franchissons la rimaye sans problème afin de nous équiper les pieds au sec. Question stratégie nous laissons tout ce qui ne nous sert à rien au pied de la face afin de grimper léger avec un petit sac chacun. La première longueur est certainement la plus compliquée, le terrain est facile mais le cheminement assez tordu pour trouver le premier relais à droite du gros névé venant du grand dièdre de départ de la Contamine. Compter une 50aine de mètres actuellement.
Nous attaquons à grimper tranquillement, le soleil pointe le bout de son nez sur les sommets alentours. Merci à toi Jimmy de t'être dévoué pour aller faire le 6b+ de L3 en tête (rude rude le petit surplomb!).
Petit point important, le 1er spit de L4, derrière le petit pilier, qui se trouve à une bonne 15aine de mètres du relais est raplaplat... Le suivant est encore 4m plus haut. Pas tomber!
Concernant la fameuse longueur de L6, une grosse écaille est tombée l'an passé et paraît-il que le premier pas est vraiment expo, du coup pour ne pas perdre de temps nous avons fait ce qui était indiqué dans le topo C2C en contournant par une fissure à droite qui se protège bien avant de revenir sur une vire en mauvais rocher facilement identifiable.
A cet endroit notre voie croise la Contamine (variante qui permet d'éviter les pas durs du début), c'est l'option choisie par les 2 autres cordées mais le rocher est assez médiocre (beaucoup de blocs instables), ce qui sera la cause de la chute du leader de la seconde cordée... Une grosse frayeur, de grosses blessures mais ce dernier s'en tire plutôt bien vu la gravité du dévissage (un bon 25m). Après avoir proposé notre aide nous continuons notre ascension puis nous voyons arriver l'hélico du PGHM. Stressant de grimper au-dessus du gros ventilateur!
Le 6b de L9 est vraiment finot et les pas obligatoires car les points sont assez aérés et pas possible de rajouter quoi que ce soit dans la dalouse. Après le dévers de L10 nous rejoignons enfin le soleil dans un océan de dalles magnifiques! A partir de cet endroit la difficulté n’excède pas 6a+ mais il reste 11 longueurs alors nous essayons de ne pas traîner mais ce n'est pas facile pour le leader de courir sur ces dalles à 8-10 m du dernier point dans le meilleur des cas!
Puis c'est le sprint final (pour de vrai!) pour sortir au sommet des Petites Jorasses à 18h15. La vue sur l'Italie et les Grandes Jorasses est saisissante. Nous profitons rapidement de ce moment seul au monde, un petit selfie summit et c'est parti pour 750m de rappel.
Afin de ne pas coincer la corde dans le tiers supérieur nous décidons de les fractionner au maximum (méthode qui aura porté ses fruits) puis la paroi se raidit et nous les tirons normalement. A 21h30 nous sommes au pied de la ligne, fatigués mais heureux!
La concentration reste de mise car maintenant il nous faut encore descendre le glacier (raide et très crevassé de nuit) avant de souffler pour de vrai. Pour la suite nous rentrons tranquillement au refuge ou Chloé nous accueille avec un bon petit repas. Au top!!!
Le lendemain matin nous faisons une petite grasse mat' bien méritée puis petit déjeuner sur la terrasse du refuge. Dans la nuit un énorme écroulement s'est produit à l'Aiguille du Tacul, à gauche de celui de l'an passé, impressionnant...
Merci à Jimmy ainsi qu'à l'équipe du refuge de Leschaux pour ces beaux moments passés là-haut. Et bon courage pour la suite!
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Cogan Michel (jeudi, 25 juin 2020 22:00)
Dans ce voyage il y a une trentaine avec Alain prince et Michelle
Beau sourire